Le média sans filtre

Cnews : La chaîne qui dérange

Mardi 13 février, le Conseil d'Etat a intimé l'Arcom d'encadrer Cnews. Raison invoquée : la chaîne d'information du groupe Bolloré ne respecterait pas la pluralité d'opinions.
Mardi 13 février, le Conseil d'Etat a intimé l'Arcom d'encadrer CNews. Raison invoquée : la chaîne d'information du groupe Bolloré ne respecterait pas la pluralité d'opinions.
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Cnews dérange le pré carré médiatique. C’est un privilège dont la chaîne d’info aurait préféré se passer. Le Conseil d’Etat, plus haute juridiction administrative, somme l’Arcom (l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) de « réexaminer dans un délai 6 mois le respect par la chaîne (…) de ses obligations en matière de pluralisme et d’indépendance de l’information. » C’est un précédent historique. Le Conseil d’Etat estime que le contrôle du pluralisme politique doit être élargi aux chroniqueurs, aux animateurs et aux invités. Une grande première.

A l’origine de cette décision, la saisi du Conseil d’Etat il y a deux ans par l’association apolitique Reporters sans frontières. Cette association, dont le combat originel est la défense de la liberté des journalistes, considère que la chaîne d’information du groupe Bolloré représente un danger pour la liberté d’expression et, par voie de conséquence, pour la démocratie et le journalisme. C’est exactement ce qu’a déclaré sur son compte X Christophe Deloire, directeur général de RSF.

Le Conseil d’État force la main à l’Arcom. Le 23 jeudi 2023, Roch-Olivier Maistre, président du régulateur des médias, avait pourtant affirmé devant les étudiants de l’École de journalisme de Science Po que « CNews respecte strictement le pluralisme politique ». Il concédait qu’elle tendait vers la chaîne d’opinion, à l’image de Fox News aux États-Unis. Il admettait qu’on pouvait questionner le travail des éditorialistes. Mais il se félicitait que la loi ne donnait pas à l’Arcom le pouvoir de contrôler cette catégorie de journaliste, précisant que cette pratique était plutôt l’apanage des régimes totalitaires.

Cette décision du Conseil d’État a de quoi réjouir Aymeric Caron et ses amis. Il y a quelque mois, le député mélanchoniste s’en était pris en commission parlementaire au patron de l’Arcom à qui il reprochait sa complaisance vis vis d’une chaîne qui soutenait « l’extrême droite ». Burlesque, quand on sait que Caron, comme de nombreuses personnalités de gauche, refusent systématiquement les invitations des médias de droite.

Cet événement rappelle le tollé provoqué l’été dernier par l’arrivée de Geoffroy Lejeune, ancien rédacteur en chef de Valeurs Actuelles, à la tête du JDD, également propriété de Vincent Bolloré.

On attend à présent que RSF, le Conseil d’État et l’Arcom se penchent sur le biais idéologique du service public et celui, révélé par une enquête de l’Observatoire du Journalisme, des écoles de journalisme. Rappelons que 80% des journalistes en France sont de gauche, que les audiences de CNews sont en progression, et que le 5 juillet dernier, la présidente de France TV avait déclaré vouloir : « Représenter la France telle qu’on la voudrait qu’elle soit. »

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