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Finlande : la lutte déterminée contre l’immigration clandestine

Le nouveau gouvernement de Finlande dirigé par le premier ministre de droite Petteri Orpo a annoncé faire de la lutte contre l'immigration clandestine une priorité absolue. Cette volonté s'inscrit sur fond de montée des tensions avec la Russie.
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En Finlande, il n’existe pas de tabou concernant les questions migratoires, surtout pas au sujet de l’immigration illégale. Élu à la tête du gouvernement le 2 avril 2023 suite à la victoire aux élections législatives de la coalition nationale (kok), Petteri Orpo se donne deux priorités absolues : la réduction des déficits et la lutte contre l’immigration clandestine. Sur ces deux points, le premier ministre devrait parfaitement s’entendre avec le nouveau président élu, Alexander Stubb, issu du même groupe politique.

Le problème migratoire n’est pas nouveau en Finlande. Il s’est, comme partout en Europe, singulièrement aggravé avec l’afflux des réfugiés réels ou supposés tels. En 2015, année records dans l’afflux de migrants venus du Proche-Orient, la Finlande avait pris sa part. Elle avait alors accueilli dix fois plus de demandeurs d’asile que les années précédentes. Les conséquences ne se sont pas fait attendre. Dès l’année suivante, le petit pays scandinave entendait expulser 20 000 demandeurs d’asile. En 2019, un article du Monde pointait le fait qu’une succession d’affaires de viols sur mineurs avait relancé le débat sur le droit d’asile. Dans ce pays ordinairement très calme, ces crimes avaient suscité un profond émoi. Une pétition demandant la révocation des titres de séjours pour les étrangers auteurs de crime sexuel avait recueilli en un tant record 90 000 signatures, quand 50 000 sont nécessaires pour ouvrir un débat au Parlement. En Finlande, le problème migratoire n’est pas nouveau.

La Finlande accuse la Russie d’utiliser l’arme migratoire

Cependant, la détermination de Petteri Orpo doit se comprendre dans la montée des tensions avec la Russie. La Finlande accuse en effet son voisin de se servir de l’arme migratoire pour la déstabiliser. À tel point qu’en novembre 2023 le pays nordique a décidé la fermeture temporaire de quatre de ses huit postes frontaliers avec la Russie. Les douaniers avaient constaté l’arrivée de centaines de personnes originaires du Proche-Orient et d’Afrique, notamment d’Irak, de Somalie et du Yémen. Beaucoup de ses individus s’étaient procurés des titres de séjours, déboursant entre 3000 et 4000 euros leur permettant de transiter par la Russie. L’objectif est de pénétrer dans l’Union européenne. Chaque semaine, 400 migrants se présentaient à la frontière finlandaise.

Petteri Orpo avait alors déclaré : « Nous voulons mettre fin à ce phénomène afin que les demandeurs d’asile ne soient pas conduits contre leur gré et sans document de voyage à la frontière finlandaise ». Moscou nie toute responsabilité et déplore une « grave erreur ». Cependant, en 2015, alors que la Russie intervenait en Syrie pour maintenir Bachar al-Assad, la Norvège avait vu affluer à sa frontière de nombreux migrants venus du Proche-Orient. En 2021, la Biélorussie, principal allié de Vladimir Poutine dans la guerre en Ukraine, avait clairement utilisé l’arme migratoire pour déstabiliser la Pologne et les pays baltes. La Finlande a fait son entrée dans l’Otan le 4 avril 2023, permettant, de facto, l’installation de bases occidentales à la frontière de la Russie. Une décision que la Russie considère évidemment comme une grave menace pour sa sécurité.

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