Le 19 février 2024, Ursula Von der Leyen a officiellement annoncé sa candidature à un second mandat à la tête de la commission européenne Elle représentera la liste du Parti Populaire Européen (le PPE), présentée comme une coalition de partis de centre-droit. La date limite pour le dépôt de candidatures internes était le 21 février. Von der Leyen sera normalement confirmée par acclamation début mars, lors du congrès annuel du PPE. Le vote du PPE pour désigner son candidat aura lieu le 7 mars. Von den Leyen est candidate unique.
Cette candidature sans obstacle a donné lieu à un concert de louanges. Pourtant, à l’intérieur du PPE, des dents grincent. Peu nombreuses, il est vrai. François-Xavier Bellamy, candidat à la députation européenne pour les Républicains, a expliqué le 20 février dernier sur France Inter que son parti ne soutiendrait pas la candidate unique. Il a justifié la non-présentation d’un candidat LR en face à elle : « Le principe du spitzenkandidat [tête de liste, NDLR], c’est l’idée selon laquelle le candidat du PPE qui remporte les élections européennes devient président de la Commission. Ce principe n’est pas écrit dans les traités, mais c’était une sorte d’accord de bonnes pratiques entre institutions. Mais cet accord a volé en éclats en 2019 lorsqu’Emmanuel Macron et Viktor Orbán se sont alliés au Conseil pour barrer la route à Manfred Weber. Ce sont eux qui ont ainsi conduit à la nomination d’Ursula von der Leyen. »
Ursula von den Leyen accusée de conflits d’intérêts
Ursula von den Leyen s’est hissé au poste tant convoité par la grâce d’Emmanuel Macron. Le premier mandat de la commissaire a été marqué par deux crises majeures : le Covid et la guerre en Ukraine. Elle a alors affirmé son style très autoritaire et sa volonté d’élargir les pouvoirs européens au détriment des souverainetés nationales. Lors de la pandémie, elle a fait voter un plan de relance de 750 milliards d’euros, baptisé « Next Generation EU » (L’Union Européenne de nouvelle génération). Pour la première fois, la Commission a levé de l’argent sur les marchés de manière massive. Si les États le demandaient, aucun traité ne lui reconnaît cette compétence.
La découverte de SMS échangés avec le patron du géant pharmaceutique Pfizer au cours desquels elle négociait directement l’achat des vaccins a fait scandale. Une autre affaire a été aussi rapidement étouffée. Le mari d’Ursula von der Leyen était directeur médical, au moment même où celle-ci négociait le contrat des vaccins, pour Orgenesis Inc. Cette entreprise a collaboré avec Pfizer-BioNTech au développement de thérapies géniques, en particulier de vaccins à ARN messager. Certains journalistes avaient alors laissé entendre de possibles conflits d’intérêts.
Une présidente qui outrepasse les traités européens
Au niveau international, von der Leyen s’est imposée comme le visage de l’Union Européenne, court-circuitant les diplomaties nationales. Elle a joué un rôle essentiel dans le soutien européen à l’Ukraine. Ce conflit lui a permis de renforcer encore une fois le pouvoir de la commission face aux souverainetés nationales et de faire franchir à l’Europe « des étapes » comme le dit l’eurodéputé socialiste Sylvie Guillaume : « Ça a été pour elle une opportunité très forte de faire franchir des étapes à l’Union européenne ». Elle s’est voulue, sans que son mandat soit prévu à cet effet, chef de la démocratie de tous les États membres. Ainsi, elle s’est précipitée en Israël sans en informer ses pairs dès le 13 octobre pour assurer l’État hébreux du soutien de l’UE, s’attirant les foudres de plusieurs chefs d’États européens.
Elle a aussi été à l’initiative du Pacte vert européen qui provoque la colère des agriculteurs de tous les grands pays de l’Union européenne. Le 6 février, face aux révoltes, elle a annoncé son intention de retirer un projet de loi visant à réduire de moitié l’usage des pesticides, une mesure intégrée au Pacte vert. En bref, durant ses années à la tête de l’institution européenne la plus puissante, Ursula von der Leyen n’aura eu de cesse de s’arroger des compétences que des traités ne lui donnaient pas, mettant les États-nations devant le fait accompli. C’est pourquoi Fabrice Leggeri, l’ancien chef de Frontex, 3ᵉ de liste du Rassemblement Nationale aux élections européennes, déclare : « elle se comporte comme si elle était la vraie présidente de l’Union européenne et parle dans des domaines où elle n’a pas compétence. Est-ce que les Français ont réellement conscience que leur souveraineté dépend de plus en plus d’Ursula von der Leyen ? »
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