Le soutien occidental à l’Ukraine ira-t-il jusqu’à la guerre ouverte avec la Russie ? Emmanuel Macron a laissé entendre cette éventualité lors d’une conférence de presse donnée après une conférence en faveur de l’Ukraine lundi dernier. Le président français a exactement déclaré : « Il n’y a pas de consensus aujourd’hui pour envoyer de manière officielle, assumée et endossée des troupes au sol. Mais en dynamique, rien ne doit être exclu. Nous ferons tout ce qu’il faut pour que la Russie ne puisse pas gagner cette guerre. » Sa déclaration suggère que la possibilité d’une escalade militaire est plus probable que la négociation d’une paix négociée avec la Russie. Macron assume ce qu’il dit être une « ambiguïté stratégique« . En clair, il menace. Jusque-là, l’option d’une guerre ouverte avec la Russie n’avait jamais été évoquée.
En 2022, au moment où l’Occident prenait des sanctions contre la Russie, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, avait fait cette déclaration qui a fait date : « Nous allons livrer une guerre économique et financière totale à la Russie ». Dimitri Medvedev, ancien président russe, avait alors répliqué sur Twitter : « Un ministre français a dit aujourd’hui qu’ils nous avaient déclaré la guerre économique. Faites attention à votre discours, messieurs ! Et n’oubliez pas que les guerres économiques dans l’histoire de l’humanité se sont souvent transformées en guerres réelles. » Cette réaction menaçante avait provoqué le rétropédalage du ministre français : « le terme de guerre utilisé ce matin sur France Info était inapproprié et ne correspond pas à notre stratégie de désescalade ».
L’Europe envisage la guerre plutôt que la négociation
Désormais, la dynamique du conflit allant davantage vers l’escalade que la désescalade, plus rien de peut-être exclu. « Beaucoup de gens qui disent ‘Jamais, jamais’ aujourd’hui étaient les mêmes qui disaient ‘Jamais des tanks, jamais des avions, jamais des missiles à longue portée’ il y a deux ans », a poursuivi Emmanuel Macron. « Ayons l’humilité de constater qu’on a souvent eu six à douze mois de retard. C’était l’objectif de la discussion de ce soir : tout est possible si c’est utile pour atteindre notre objectif. » Le président français a néanmoins rappelé que les alliés de l’Ukraine n’étaient « pas en guerre avec le peuple russe », mais qu’ils ne voulaient « simplement pas les laisser gagner en Ukraine ».
La conférence réunissait à Paris, à l’initiative d’Emmanuel Macron, une vingtaine de chefs d’État, essentiellement européens. Face au retrait du soutien américain à Zelensky, il appelle à un sursaut collectif de l’Europe, estimant qu’une victoire russe mettrait en danger la sécurité de l’ensemble du continent. Ces déclarations ont lieu dans un contexte de montée des tensions alors que l’armée ukrainienne est battu sur le terrain, manquant de volontaires et de matériels. À la suite de la récente tournée de Zelensky en Europe occidentale, des accords de coopération militaire ont été signés. Le Danemark a décidé de faire don à l’Ukraine de l’ensemble de son artillerie. La Suède quant à elle s’apprête à intégrer l’OTAN. Avant même son adhésion, elle a commencé à accueillir des militaires alliés dans la petite ville d’Östersund, destinée à devenir un « hub » militaire pour l’Alliance Atlantique. L’Union européenne a débloqué début février 50 milliards d’euros d’aide à l’Ukraine, somme qui s’ajoute aux 85 milliards déjà versés depuis le début du conflit en 2022.
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