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Qatar-France : l’argent n’a pas d’odeur

Mardi 27 février 2024, Emmanuel Macron et l'émir Al-Thani ont signé à l'Élysée un accord portant sur des engagements d'investissement du Qatar dans l'économie française à hauteur de 10 milliards d'euros à l'horizon 2030.
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Le Qatar, invité d’honneur. C’est une première depuis les années Sarkozy. Emmanuel Macron a reçu mardi soir l’émir Tamin ben Hamad Al-Thani lors d’un dîner de gala. Un « immense honneur » pour la France » s’est félicité de locataire de l’Élysée. De nombreuses personnalités étaient présentes pour l’occasion, notamment Kylian Mbappé, capitaine de l’équipe de France de football et vedette du PSG (propriété de Nasser Al-Khélaïfi, proche de l’émir), Bernard Arnault, PDG de LVMH, Xavier Niels, actionnaire principal du groupe français de télécoms Iliad, et le cuisinier Alain Ducasse. Mais le plus notable des invités, hormis son excellence Al-Thani, était Nicolas Sarkozy. Placé à la table d’honneur, l’ex-président a été le maître d’œuvre, durant son mandat, du rapprochement entre la France et le principal soutien financier du Hamas.

Nicolas Sarkozy avait, en 2008, amendé dans un sens encore plus favorable une convention fiscale accordée au Qatar en 1990. L’accord revu par l’ancien président exonère le pays du golfe d’impôts sur les plus-values immobilières, les dividendes, les redevances et les revenus des créances.  Une générosité évaluée entre 150 et 200 millions par an qui a permis au Qatar de faire d’excellentes acquisitions en France, de financer les banlieues à hauteur de 50 millions d’euros en 2012, et la construction pour une somme de 25 millions d’euros de 22 mosquées dans l’hexagone, à travers sa fondation Qatar Charity. Les liens de proximité entre Nicolas Sarkozy et le premier ministre qatari Hamad Ben Jassem al-Thani avait conduit l’association anti-corruption Anticor a porté plainte contre les deux hommes au sujet de l’attribution au Qatar de la coupe du monde de football de 2022.

Le Qatar finance le Hamas, mais demeure bienveillant

Lors de l’échange de toasts, Emmanuel Macron a annoncé satisfait : « Nous avons signé un plan ambitieux d’investissements de 10 milliards d’euros ». L’émir, au pouvoir depuis 2013 et parfaitement francophone, a renchéri radieux : « Ces investissements iront renforcer les partenariats stratégiques entre nos deux pays. » Les investissements qataris interviendront dans les secteurs de la transition énergétiques, des semi-conducteurs, de l’aérospatial, de l’intelligence artificielle, du numérique, de la santé et de l’industrie culturelle. «Votre pays est un pays ami de la France, un partenaire fidèle, stratégique, sur lequel elle sait pouvoir compter dans les situations difficiles», a ajouté le président de la République, rappelant au passage l’agenda commun de «défense et de sécurité» que les deux États sont «en train de renforcer» ou celui dans la «lutte contre le terrorisme».

Dans le contexte extrêmement grave des bombardements israéliens sur la bande de Gaza suite aux pogroms perpétrés par le Hamas le 7 octobre 2023, le Qatar joue un rôle clé dans l’établissement possible de négociations entre l’État hébreu et le groupe djihadiste. Macron et Al-Thani ont réaffirmé leur souhait d’un cessez-le-feu rapide à Gaza. « Continuons à œuvrer ensemble pour la paix au Proche-Orient et le respect du droit international partout dans le monde« , a lancé le chef de l’État français dans un message posté mardi soir sur X. Le Qatar entend être reconnu comme un médiateur bienveillant entre Israël et le Hamas, ce qui ne l’empêche pas d’une autre main d’abriter les chefs du mouvement terroriste, de les financer grassement, comme de financer les Frères musulmans et différents groupes djihadistes qui diffusent l’Islam radical dans le monde, particulièrement en Occident. Le pays d’Al-Thani, petit par la taille, mais fort par l’influence, notamment via sa chaîne Al Jazeera, explique souvent lutter d’un même mouvement contre le terrorisme islamiste et l’islamophobie au motif que le premier ne représenterait pas le « vrai islam ». Quels que soient ces liens troubles avec l’islamisme, la France est décidée à renforcer ses liens stratégiques avec le Qatar. L’argent n’a pas d’odeur.

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