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Invalides : bientôt lieu d’exposition de l’Arabie Saoudite ?

Des discussions sont en cours entre le ministère des Armées pour l'installation d'un "village saoudien" aux Invalides pendant toute la durée des Jeux Olympiques. Comme attendu, le projet crée la polémique.
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L’Arabie Saoudite plantera telle sa tente à quelques mètres du tombeau de Napoléon Iᵉʳ et de la Cathédrale Saint-Louis, siège du vicariat aux Armées françaises ? Quelques semaines après la visite de Gérald Darmanin en Arabie Saoudite, la même semaine que la venue de l’émir du Qatar à l’Élysée, la France semble vouloir renforcer toujours plus ses liens avec le Moyen-Orient.  Des pourparlers seraient en cours pour que l’Arabie Saoudite installe pendant les Jeux Olympiques et paralympiques un pavillon aux Invalides. C’est ce que suggère, sans pleinement l’assumer, Sébastien Lecornu, ministre des Armées et sa secrétaire d’État Patricia Mirallès. Et pour cause, la nouvelle provoque un énorme tollé. Mercredi 28 février, lors des questions aux ministres, la députée Les Républicains Nathalie Serre a interpellé la secrétaire d’État :  » Des informations circulent concernant l’autorisation accordée pour l’installation d’un village saoudien sur le site même des Invalides à partir du 10 mai 2024. » Sous les huées, cette dernière a répondu :  » Je vais tenter de répondre sur ce que je sais. Effectivement, ce sont des informations que nous avons pu avoir. Aujourd’hui, rien n’est concret et rien n’est fait. Je comprends vos interrogations mais je ne répondrai pas sur des choses qui ne sont pas faites ni signées. »

Le village se tiendrait « à proximité de la nécropole militaire, du côté du dôme », pour une durée de quatre mois, notamment durant toute la période des Jeux Olympiques et paralympiques. De quoi donner au Royaume des Saoud une vitrine publicitaire exceptionnelle au service d’une politique d’influence. En tournée dans le sud-ouest, le ministre des Armées s’est voulu rassurant le lendemain des questions parlementaires, tout en confirmant les discussions en cours  :  » Beaucoup de pays cherchent des endroits pour aménager des espaces de réception pour les délégations de leur pays, pour les délégations d’athlètes. »  Le projet serait, du côté de la France, motivée par des intérêts concernant la défense. Pour désamorcer la polémique, le ministre a déclaré que rien n’était fait :  « La décision n’est pas encore prise. L’Arabie saoudite a accepté de respecter les mesures de sécurité et de financement des Invalides, musée des armées ». Affirmant que Riyad était un « partenaire de défense important », Sébastien Lecornu a appelé à « regarder avec bienveillance la demande saoudienne qui pourrait conduire à des mécènes ».

Les Invalides, un lieu hautement symbolique

Natahlie Serre, député les Républicains, s’inquiète des répercussions d’un tel projet pour l’image de la France, installé dans un lieu hautement symbolique, dont la destination première est l’hébergement et les soins des blessés de guerre. Pour elle,  » il est important de considérer les valeurs et les principes que nous défendons en tant que nation pendant les Jeux olympiques. L’Arabie saoudite, bien que notre alliée, suscite des interrogations quant au respect des droits de l’homme et en particulier ceux des femmes et de la communauté LGBT.  » Cependant, la députée ne fait pas une fixation sur l’Arabie Saoudite, au-delà des valeurs contraires de la monarchie moyen-orientale, ce projet est inacceptable en soi et le serait tout aussi pour n’importe quel autre pays :  » Il pourrait très bien être suédois ou danois. Il me paraît simplement inconcevable qu’un autre État puisse installer son QG sur un lieu aussi symbolique et qui représente de manière aussi forte les valeurs de notre pays et notre République. Tout n’est pas monnayable, à l’image des Invalides, et l’État n’est pas à vendre.  » 

Pour l’instant le lieu de l’emplacement possible du pavillon reste flou. Il pourrait se tenir dans la cour des Invalides ou aux abords. Quoi qu’il en soit, ce projet confirme l’offensive de l’Arabie Saoudite dans le monde du sport au service de son soft power. Mercredi dernier, le fonds souverain saoudien (PIF) avait annoncé un accord de « partenariat stratégique pluri-annuel » avec l’ATP, le circuit mondial de tennis masculin. Les deux parties ont qu’il s’agissait d’« un engagement significatif commun pour améliorer le tennis mondial ». Le montant de l’accord n’a pas été communiqué. L’Arabie Saoudite investit également massivement dans le monde du foot, de la Formule 1, du rallye, du ski.

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