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Allemagne : le centre-droit arrive en tête des élections, suivi de la droite identitaire (AfD)

Élections législatives en Allemagne : la CDU arrive en tête avec 29 % des suffrages, suivi de la droite identitaire AfD qui progresse fortement. De son côté, le SPD, dirigé par le chancelier sortant Olaf Scholz, subit un net revers et tombe à 16 %. 
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Les élections législatives anticipées allemandes du 23 février 2025 ont profondément redessiné le paysage politique allemand. C’est l’Union conservatrice CDU/CSU qui est arrivée en tête avec 28,5 à 29 % des suffrages, suivie de l’AfD, qui réalise une percée inédite en atteignant 20 % des suffrages. De son côté, le SPD, dirigé par le chancelier sortant Olaf Scholz, subit un net revers et tombe à 16 %.

Allemagne : une élection qui s’inscrit dans un climat tendu

Initialement prévues en septembre, ces élections ont été avancées après l’implosion de la coalition réunissant le SPD, les Verts et le FDP. Le limogeage du ministre des Finances, Christian Lindner, par Olaf Scholz a marqué l’échec de cette alliance, déjà fragilisée par des désaccords budgétaires. La perte d’un vote de confiance au Bundestag le 16 décembre (394 voix contre, 207 pour) a conduit le président Frank-Walter Steinmeier à dissoudre le Parlement le 27 décembre, déclenchant ainsi des élections anticipées.

La campagne électorale s’est déroulée dans un contexte marqué par une série d’attaques terroristes, plaçant la sécurité et l’immigration au cœur des débats. Par ailleurs, la récession persistante en Allemagne (-0,2 % en 2024) et les licenciements massifs, notamment chez Volkswagen (35 000 suppressions de postes), ont accentué la défiance envers le gouvernement sortant. Cette situation a favorisé une mobilisation importante, avec un taux de participation de 76,8 %, légèrement supérieur à celui de 2021 (76,4 %), selon Der Spiegel.

Aucune majorité absolue

Dirigée par Friedrich Merz, l’union conservatrice CDU/CSU enregistre un net regain par rapport à 2021 (24,1 %), progressant de 4 à 5 points. Malgré cette victoire, les conservateurs n’atteignent pas les 30-33 % espérés en fin de campagne. Porté par un programme axé sur la relance économique et le renforcement des contrôles migratoires, Merz a capitalisé sur les récents attentats de Magdebourg et Munich pour défendre une politique sécuritaire plus stricte.

Toutefois, la formation d’un gouvernement nécessite des alliances : « Nous ne pouvons pas gouverner seuls. Les discussions commenceront dès demain. » Avec 190 à 200 sièges sur 630, la CDU/CSU doit trouver un partenaire pour espérer diriger le pays. Markus Söder, chef de la CSU, a exclu toute entente avec les Verts et l’AfD, laissant entrevoir une alliance avec le SPD.

L’AfD réalise un score historique

Avec 20 % des voix, l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), menée par Alice Weidel, connaît une progression spectaculaire, doublant son score de 2021 (10,3 %). Ce résultat en fait la deuxième force politique du pays, avec des pointes atteignant 32 % en Thuringe. Le parti de droite identitaire a bâti sa campagne sur une ligne dure, axée sur la remigration et un rejet affiché de l’Union européenne.

À Berlin, Alice Weidel a célébré un « résultat historique », y voyant la preuve que « les Allemands veulent un changement radical ». Si cette percée était anticipée par les sondages (qui l’estimaient entre 20 et 22 %), l’AfD reste exclue des tractations gouvernementales. Le cordon sanitaire est maintenu, les dirigeants des principaux partis ayant réaffirmé leur refus de toute alliance avec l’extrême droite.

Allemagne : un avenir politique incertain

Le Parti social-démocrate (SPD) subit un revers majeur en tombant à 16 %, soit une perte de près de 10 points par rapport à 2021 (25,7 %). Il s’agit de son pire score depuis 1949. Ce résultat sanctionne la politique menée par Olaf Scholz, marquée par une récession et une gestion critiquée des crises migratoire et énergétique.

À 18h20, le chancelier sortant a reconnu « une soirée difficile », admettant que son parti avait « sous-estimé la colère des électeurs ». Ce revers affaiblit sa position, et plusieurs figures internes, citées par Die Zeit, appellent déjà à un renouvellement du leadership. Avec 100 à 110 sièges, le SPD pourrait néanmoins jouer un rôle clé dans la formation d’un gouvernement, notamment en participant à une grande coalition avec la CDU/CSU. Scholz n’a pas exclu cette hypothèse, la qualifiant de « possible, mais pas idéale ».

Vers des négociations complexes pour former un gouvernement

Le scrutin laisse place à un Bundestag fragmenté, rendant la constitution d’une majorité difficile. Une coalition CDU-SPD totalisant 44,5 à 45 % des suffrages semble être l’option la plus probable, bien que les tensions entre les deux partis compliquent les discussions. Friedrich Merz a reconnu que ces négociations seraient « difficiles, mais nécessaires ».

Une alliance entre la CDU et les Verts, qui atteindraient ensemble 41,5 à 42,5 %, reste une alternative, mais les divergences programmatiques pourraient être un frein. De son côté, l’AfD, bien qu’ayant réalisé un score historique, restera cantonnée à l’opposition, exclue des alliances en raison du cordon sanitaire en vigueur. Les pourparlers débuteront le 24 février.

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