Mardi 20 février 2024, Jordan Bardella, président du Rassemblement National et tête de liste aux élections européennes, a annoncé l’organisation « d’états généraux » de l’immigration. L’évènement aura lieu à Paris le 26 mars prochain. La date retenue à trois mois des élections européennes a clairement pour but d’installer le thème de l’immigration au cœur de la campagne. Alexandre Loubet, le directeur de campagne de Jordan Bardella, l’admet sans détours dans le Figaro. L’objectif est de « Faire comprendre aux Français, en particulier les électeurs de droite, que sur le sujet de l’immigration, nous sommes les plus sérieux » et de mettre en difficulté les Républicains : « Ce sera un moyen pour nous d’expliquer que Les Républicains et François-Xavier Bellamy, leur tête de liste, sont les soutiens d’Ursula von der Leyen et de sa politique de submersion migratoire à l’échelle européenne. » La très controversée Ursula von der Leyen brigue un second mandat à la tête de la Commission européenne. La présidente est régulièrement accusée par la droite et les souverainistes de vouloir abusivement transformer la Commission en un véritable pouvoir exécutif européen. Le ralliement récent de Fabrice Leggeri sur la liste de Bardella et sans ambiguïté. Van der Leyen sera une cible.
Bardella inscrit le RN dans les pas du RPR de 1990
En organisant des « états généraux de l’immigration », le RN se place dans le sillage du RPR. Le nom de l’événement reprend celui de la célèbre convention d’avril 1990. Elle avait rassemblé l’ensemble des partis et des ténors de droite et s’était achevée par des propositions très fermes : « fermeture des frontières« , « suspension de l’immigration », « réserver certaines prestations sociales aux nationaux », « incompatibilité entre l’Islam et nos lois. » Eric Zemmour s’en était ouvertement réclamée pendant sa campagne présidentielle. Aux RN comme à Reconquête on fait souvent référence à cet évènement marquant pour fustiger la trahison de l’ancien grand parti de droite. Mais le RN veut s’imposer comme seul et digne héritier. Un héritier qui fera ce que « ses prédécesseurs » du RPR (qui n’étaient pas exclus du fameux « arc républicain) n’ont pas fait. La volonté d’annexion, de captation de cet héritage symbolique est si forte qu’un des députés RN, Franck Alliso, n’a pas hésité à fonder un nouveau RPR. Rien à voir avec le parti gaulliste. Alliso a racheté le nom pour former un micro parti du même nom. But de l’opération ? Permettre le ralliement d’élus LR qui hésitent à se rapprocher trop ouvertement du Rassemblement National.
Consulter les dernières actualités politiques