Consternation à Berlin. Taupe ? Incompétence ? Succès des services de renseignement russe ? Tout ça à la fois ? L’affaire est extrêmement embarrassante pour l’Allemagne et la coalition qui soutient l’Ukraine dans son effort de guerre contre la Russie. Vendredi 1ᵉʳ mars 2024, Margarité Simonyan, rédactrice en chef de RT, la chaîne d’État russe, a rendu public une conversation confidentielle entre plusieurs hauts gradés allemands. Elle aurait eu lieu le 19 février dernier. Le document, un fichier audio de plus d’une demi-heure, a été diffusé sur les réseaux sociaux. On y entend les militaires allemands s’entretenir sur l’hypothèse de la livraison à Kiev de missiles Taurus longue portée. « Que peut faire le Taurus ? Et comment est-il utilisé ? » s’interroge l’un des interlocuteurs avant d’ajouter avec gravité » Si jamais nous décidions politiquement de soutenir l’Ukraine dans ce domaine « . Ingo Gerhartz, commandant en chef de l’armée de l’air était présent. Les officiers évoquent la destruction par frappes du pont stratégique reliant la Crimée. Selon l’un d’eux, cela nécessiterait entre dix et vingt missiles. La France est également mentionnée. Paris, pour l’instant, n’a fait aucun commentaire. Lundi, Emmanuel Macron avait envisagé l’envoie de troupes au sol en Ukraine et avait été désavoué immédiatement par tous les alliés occidentaux, en premier lieu desquels l’Allemagne.
Berlin parle d’une tentative d’intimidation
En Allemagne, c’est la consternation. Olaf Scholz, parle d’une » affaire très grave » faisant » désormais l’objet d’une enquête très minutieuse, très approfondie et très rapide. » Samedi, Berlin a confirmé l’authenticité de l’enregistrement. Le ministre de la Défense, Boris Pistorius, a déclaré que Vladimir Poutine menait une guerre de l’information visant à déstabiliser l’Allemagne. Reste à savoir comment cette conversation est sortie et s’il s’agit d’un événement isolé ou si la Russie dispose d’autres enregistrements qu’elles pourraient divulguer à des moments favorables pour déstabiliser le camp occidental. Selon Der Spiegel, la visioconférence s’est faite via la plateforme publique WebEx et non via le réseau interne ultra-sécurisé de la Luftwaffe. Une légèreté qui interroge. Roderich Kiesewetter, ancien colonel et député de la CDU, principal parti d’opposition, émet l’hypothèse qu’un participant russe ait pu se connecter furtivement à la conversation en ligne. L’hypothèse de la taupe ne peut pas non plus être écartée.
La Russie a haussé le ton via Sergueï Lavrov, le chef de sa diplomatie, et l’ancien président Dimitri Medvedev, actuellement numéro 2 du Conseil de sécurité russe. Pour Lavrov, l’enregistrement est la preuve que » Le camp de la guerre en Europe est toujours très, très fort. » Medvedev quant à lui s’est fait sur son compte Telegram bien plus menaçant : » Nos rivaux de toujours, les Allemands, sont redevenus nos ennemis jurés « , écrit pour sa part Dmitri Medvedev. Selon lui, l’Allemagne préparerait des frappes sur la Russie. En Allemagne, on parle d’une tentative d’intimidation ayant pour but de faire reculer le chancelier sur la question de la livraison des missiles Taurus à l’Ukraine.
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