Cédric Herrou a-t-il passé les bornes ? C’est en tout cas ce qu’estime Sébastien Olharan, maire de Breil-sur-Roya (Alpes-Maritimes) qui a décidé de porter plainte contre lui devant le tribunal correctionnel de Nice pour injures publiques et diffamation. Ce proche d’Eric Ciotti estime avoir été jeté en pâture publiquement par le militant producteur de volaille et d’olives. L’édile demande également au président d’Emmaüs Roya, dont Cédric Herrou est salarié de condamner ses propos « mensongers sur le fond et injurieux sur la forme ». Dans des tweets datés du 8 et 10 février 2024, le militant d’extrême gauche avait qualifié son maire de « Sombre type« , ajoutant : » Il est maire de mon village, bébé Ciotti sevré trop tard, parasite gonflé d’orgueil et d’argent public, fait la ‘guerre’ à une asso qui met à l’abri des SDF, qui produit plus de 30 tonnes de légumes, olives et œufs sur sa commune. Sombre type d’un parti en ruine « . « Le maire surf sur la tempête, vallée détruite, habitants sinistrés. Les commerces ferment les uns après les autres. Les précaires sont de plus en plus précaires« , a-t-il ajouté dans un autre message
Qu sujet du fait qu’il aurait » surfer sur la tempête Alex » le maire s’indigne. Pour lui, ces propos sont « totalement déplacés et choquants quand on pense aux 18 de nos concitoyens qui ont perdu la vie dans cette nuit terrible du 2 au 3 octobre 2020« . Cette année-là, la tempête n’avait pas épargné les installations de la communauté Emmaüs Roya, constituées en 2019 sur le terrain agricole de Cédric Herrou et destinées à accueillir les clandestins et les faire travailler. Il avait alors déclaré : » Cela a un impact financier. Mais nous, dans l’agriculture, la terre est là et on continue à travailler, on ne peut pas se plaindre. Il y a tant de gens qui ont tout perdu dans la Roya ! »
Cédric Herrou s’en est pris aussi à Fabric Leggeri
Pour Sebastien Olharan l’attaque est d’une « rare indécence » : « Ces provocations tombent sous le coup de la loi. Je ne peux pas accepter d’être jeté en pâture aux dizaines de milliers d’abonnés que Monsieur Herrou a sur les réseaux sociaux« . « Je pense que M. Herrou a franchi la semaine dernière un nouveau cap dans la violence et l’insulte. Il est de mon devoir de maire de refuser ces excès qui sortent du cadre du débat démocratique et portent atteinte à mon honneur et à ma dignité« , a t-il assuré. Il a par ailleurs jugé qu’il avait toujours respecté l’activiste d’extrême gauche et assuré qu’il l’avait toujours traité » comme n’importe lequel de ses administrés. Cédric Herrou a réagi au micro de France bleu Azur. Il parle « d’intimidation » et « de censure« . Le maire de Breil « se sert de ma notoriété publique comme un tremplin, c’est un prétexte pour exister. Ce sont des méthodes mafieuses« , a déclaré le défenseur des clandestins.
Quelques jours plus tôt, il avait fait de parler de lui lors de la venue à Menton de Jordan Bardella et Fabrice Leggeri. Ce dernier, ancien directeur de Frontex, l’agence aux frontières de l’Union européenne, venait d’officialiser sa candidature sur la liste RN aux élections européennes, avec pour but déclaré, la lutte contre le laxisme migratoire de la commission européenne. Cédric Herrou ne lui a pas épargné les invectives. » Pour moi c’est un assassin. C’est une personne qui a organisé des noyades en Méditerranée avec de l’argent public. » Jordan Bardella, président du Rassemblement Nationale, avait alors répliqué : » Ils (les militants, NDLR) participent, aux côtés des ONG et aux côtés des mafias de passeurs, comme beaucoup le font en mer Méditerranée, à un trafic d’êtres humains. »
Cédric Herrou s’est fait connaître en 2019 pour avoir aidé 200 clandestins à franchir la frontière franco-italienne. La justice l’avait relaxé. Après un premier passage devant la Cour de cassation, Cédric Herrou avait saisi le Conseil constitutionnel à propos du « délit de solidarité ». Cette démarche avait abouti à une décision des « Sages » en juillet 2018, qui consacrait « la liberté d’aider autrui, dans un but humanitaire, sans considération de la régularité de son séjour sur le territoire national« . Maître Patrick Spinosi avait à l’époque commenté : » Il est désormais définitivement acquis dans notre droit qu’aucune poursuite pénale ne peut être engagée à l’encontre d’une personne qui aura aidé un migrant en situation irrégulière lorsqu’il agit de façon désintéressée, qu’il appartienne ou non à une association ou bien qu’il veuille revendiquer son acte. » Depuis ce coup d’éclat, l’activiste qui bénéficie de soutiens puissants, s’est tourné vers des projets à plus long terme. Il reçoit dans sa ferme transformée en communauté Emmaüs, des sans-papiers. Au fil du temps, il est devenu l’un des visages les plus célèbres de l’activisme et de la propagande en faveur l’immigration illégale en France.
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