Ils n’auront pas fait le voyage pour rien. Trois cent huit clandestins, acheminés par avion en métropole depuis Mayotte, s’installent aujourd’hui au château de Grignon, dans les Yvelines. Le tout au frais des Français. Mayotte est composée pour moitié d’étrangers en situation irrégulière. Cette petite île de l’océan Indien subit, comme la métropole, mais dans des proportions encore plus dramatiques, les problèmes afférents à l’immigration de masse : insécurité physique et culturelle. Il y a dix jours, Gérald Darmanin s’était rendu sur l’île pour annoncer des mesures fermes censées rassurer la population. La plus emblématique, la suppression du droit du sol, avait été applaudie par tous les partis de droite et vilipendée par toute la gauche. Le gouvernement, fidèle à la méthode macroniste du « en même temps », décide de faire venir en France métropolitaine les migrants illégaux de Mayotte. De quoi faire enrager la droite et satisfaire la gauche. Les associations d’aide aux sans-papiers, quant à elles, peuvent justifier des subventions dont elles bénéficient grassement de la part de l’État. Grâce à ses subventions, elles peuvent donner du travail aux travailleurs sociaux.
En effet, le château de Thivernal-Grignon a beau être propriété de l’État, il est géré par l’association Emmaüs. Jusqu’en 2014, il abritait la prestigieuse école d’ingénieurs agronomes d’AgroParisTech. Les clandestins seront logés dans les résidences étudiantes. Ce n’est pas la première fois que ce site exceptionnel est utilisé à cet effet. En 2022, il avait accueilli, pendant plusieurs mois, 200 illégaux. Des partisans de Reconquête avaient manifesté le 11 février 2023 pour le dénoncer. Un récent article du Figaro revient sur le destin ubuesque du château depuis le départ de l’école. Le maire de Thivernal-Grignon se voit imposer une décision venue d’en haut. « C’est vrai qu’on n’a pas le choix. C’est un terrain privé de l’État. Il appartient au ministère de l’Agriculture, donc ils font ce qu’ils veulent chez eux« , explique l’édile au micro d’Europe 1, avant d’ajouter : « Moi, j’ai eu des exigences sur la gestion, donc ils ont bien voulu concéder que ce soit Emmaüs qui gère ses accueils ». Les 308 illégaux résidaient à Mayotte dans le camp de Cavani, à l’origine de très fortes tensions. De nombreuses manifestations de Mahorais exigeaient son démantèlement. Le ministre de l’Intérieur a promis que ce serait fait pour le 10 mars.
Du Congo à la vie de château : l’appel d’air évident
Erik Tegner était il y a quelques semaines en reportage à Mayotte pour Livre Noir. Il est notamment allé au camp de Cavani. Ce matin sur Cnews, il raconte : « J’ai parlé à de nombreux Congolais qui parlent français et qui me disaient qu’alors qu’ils étaient réfugiés en Tanzanie, ils ne connaissaient pas la situation à Mayotte. Des passeurs comoriens sont allés les voir en leur disant (…) « vous pouvez aller à Mayotte, c’est juste en face (…) il y a (…) le droit d’asile et donc, ce sera beaucoup moins dangereux pour vous de passer par cette voie plutôt que d’essayer de monter ou de passer par la Libye et de traverser la Méditerranée. » »
Selon Tegner les réseaux de passeurs, organisés, professionnalisés, se transmettent le mot, parfaitement au courant des avantages octroyés par le droit d’asile. Le journaliste fait remarquer que les images circulent sur les réseaux sociaux, et que cet accueil dans un château français créera forcément un appel d’air. La presse de Mayotte s’inquiète. Elle craint que les réfugiés de Tanzanie, voyant les images, décident, eux aussi, de gagner l’île pour bénéficier de la très grande générosité de la France. Le camp de Cavani contient encore un millier de personnes. S’il y a des départs, il y a également des arrivées. La décision du gouvernement français devrait, en toute logique, maintenir le phénomène de l’immigration de masse, à Mayotte comme en métropole. Selon la préfecture le coût total du transport et de l’accueil des illégaux à Thivernal-Grignon s’élèverait à 300 000 euros.
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