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Émeutes de 2023 : un influenceur condamné à Brest

Il avait incité, en juin dernier, aux émeutes sur les réseaux sociaux. Un tik tokeur à succès, réfugié centrafricain, a été condamné à un an de prison avec sursis et 240 heures de travaux d'intérêt général lundi 19 février 2024.
Un influenceur sur Tik Tok a été condamné à Brest à 12 mois de prison avec suris probatoire. Le jeune homme avait incité aux émeutes consécutives à la mort de Nahel, en juin 2023.
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Le tribunal de Brest a rendu son verdict. Lundi 19 février, un jeune homme de 20 ans, influenceur sur le réseau social Tik Tok, a été condamné à un an de prison avec sursis pour avoir incité aux émeutes en juin 2023. Celles-ci avaient été provoquées par la mort par balle du délinquant de 17 ans, Nahel, lors d’un contrôle routier à Nanterre. Aussitôt, les quartiers à forte concentration immigrées s’étaient enflammés partout en France, donnant lieu à ce que le criminologue Xavier Raufer considère, chiffres à l’appui, comme les pires émeutes depuis un siècle en termes de violences et destructions. Très vite, ces émeutes se sont détachés de l’événement déclencheur pour donner lieu à des pillages de masse.

L’influenceur avait ouvert son compte Tik Tok en 2020, pendant le confinement. Il y diffusait des vidéos de football. Trois ans plus tard, il comptait plus de 53 000 abonnés et gagnait grâce à cette activité 200 euros par mois. Lors des émeutes, il était apparu sur Snapchat et Telegram cagoulé, portant des lunettes. Le prévenu a lui-même mis la main à la pâte. Alors qu’il avait appelé à ce : « Qu’il y ait des affrontements au mortier avec les policiers » mais « sans pillage« , il a été reconnu sur des images de surveillance la nuit, entrant dans un supermarché pour le dévalisé. Le 29 juin, sur Snapchat et Telegram, il lance un appel sans ambiguïté : « Appel à tous les frères. Ce soir, on se rassemble tous ; On va faire du sale à tous ces flics de putes de keufs« . Devant les juges, il explique avoir fait ces vidéos parce qu’on lui a demandé de les faire. Pour lui, « Les mortiers, c’était une incantation à la justice pour se faire entendre« , une manière de défendre « les jeunes des quartiers » tués par des « bavures policières« . Il avait également demandé à ce « Que les pédés brûlent en enfer… », et invité à constituer « une cagnotte pour s’équiper et combattre la République ! »

Les réseaux sociaux ont joué un rôle clé dans la propagation des violences, des pillages, des destructions. Grâce à eux, les malfaiteurs (dont tous n’étaient pas des « jeunes », tant s’en faut), ont pu coordonner leurs actions et se passer des indications pour éviter la police, déterminer les lieux faciles à piller. Beaucoup n’hésitaient pas à diffuser en temps réel leur méfait, excitant l’imitation, banalisant et esthétisant la violence. L’influenceur de Brest est loin d’être le seul concerné. Emmanuel Macron avait demandé à couper momentanément les réseaux sociaux, procédure légalement compliquée.  Jean-Christophe Couvy, policier, avait alors déclaré  : « On ne peut pas avoir un gendarme derrière chaque internaute pour surveiller ce qu’il fait. C’est aux hébergeurs de faire le ménage via leurs algorithmes« . L’usage des réseaux sociaux à des fins violentes est aussi très utilisée par les Black Block.

Le jeune est de nationalité centrafricaine. Il a été accueilli en France en tant que réfugié à l’âge de neuf ans. En juin, aux moments des émeutes, il était dans l’attente d’un titre de séjour pour pouvoir travailler. À terme, il aurait pu obtenir la nationalité française. « Avec une condamnation judiciaire, ça va être compliqué« , lui fait remarquer le président au sujet du titre de séjour. Néanmoins, le prévenu ne sera pas expulsé, dans l’immédiat. Sa condamnation à 1 an de prison avec sursis a été assorti de l’obligation de réaliser 240 heures de travail d’intérêt général.

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