Dans une collaboration inédite, la Fondation pour l’Innovation Politique (Fondapol), sous la direction de Dominique Reynié, et l’Observatoire de l’Immigration et de la Démographie (OID), dirigé par Nicolas Pouvreau-Monti, ont publié une note éclairante révélée par Le Point, mettant en lumière la réalité du modèle français des HLM, sans équivalent en Europe.
Cette étude approfondie, réalisée par le préfet Michel Aubouin, ancien inspecteur général de l’administration et directeur de l’accueil et de l’intégration des étrangers, offre un bilan critique du système de logement social. Coûtant à l’État environ 34 milliards d’euros par an, ce système se révèle être profondément inefficace, car « les plus modestes n’y ont pas accès« , avec seulement 11 % des non-immigrés français en bénéficiant.
57 % des étrangers originaires d’Afrique sahélienne vivent en logement social
Au contraire, les critères d’attribution conduisent à une sur-représentation des étrangers extra-européens parmi les bénéficiaires. Par exemple, 57 % des étrangers et descendants d’étrangers originaires d’Afrique sahélienne vivent en logement social, de même que la moitié des immigrés algériens et de leurs descendants. Avec un taux de rotation annuel des occupants inférieur à 7 %, le système se révèle être profondément inéquitable, créant « une rente de situation pour nombre de ses bénéficiaires qui, grâce au droit au maintien dans les lieux, y restent parfois sur plusieurs générations. »
Pour Michel Aubouin, il s’agit là de la principale anomalie du système français : loin de promouvoir la « mixité sociale », il aggrave les fractures territoriales jusqu’à devenir un obstacle à l’intégration.
HLM : des familles modestes aux immigrés
En France, le secteur HLM a été mis en place dans les années 1950 pour venir en aide aux familles modestes, en situation de grande précarité et mal logées. L’objectif était de leur fournir des logements temporaires à loyer modéré afin de leur permettre, par la suite, d’accéder à un logement privé. Le logement social était conçu comme une étape transitoire, non destinée à durer toute une vie. Ce dispositif a pris une ampleur considérable. Aujourd’hui, la France détient un quart des 21 millions de logements sociaux recensés au sein de l’Union européenne. Les logements de type HLM représentent un quart du parc des logements urbains en France. Aujourd’hui, le logement social ne répond plus aux besoins de ceux qui ont réellement besoin d’un logement.
La droite parle de « préférence étrangère »
Ainsi, selon cette étude, les immigrés occupent une place particulière dans ce système : 35 % d’entre eux vivent en logements sociaux, contre seulement 11 % des Français non-immigrés. Cette sur-représentation s’accentue avec la concentration de l’habitat. Cela s’explique par le mécanisme d’attribution des logements mis en place par le ministère du Logement. Un algorithme, basé sur une série de critères, tend à favoriser une catégorie spécifique de la population, telle que les familles monoparentales avec de nombreux enfants, assez éloignée du modèle familial traditionnel français.
Toute l’immigration n’est pas concernée. Seuls 8 % des immigrés originaires de Chine vivent en logement social, tandis que 57 % des immigrés d’Afrique sahélienne (Sénégal, Mauritanie, Mali, Niger, etc) sont locataires d’un logement HLM, un pourcentage qui grimpe à 63 % pour la seconde génération. La moitié des immigrés algériens, qui représentent de loin le plus grand groupe en volume, habitent en HLM. Selon Michel Aubouin, la réticence de cette population issue d’une immigration pourtant ancienne à quitter le logement social peut s’expliquer par plusieurs raisons : le maintien d’un avantageux statut dans un marché du logement tendu, la volonté de ne pas s’enraciner en acquérant un bien immobilier dans le pays d’accueil, la possibilité économique offerte par les faibles loyers résiduels pour investir dans le pays d’origine, ou encore le désir de rester regroupé au sein de communautés.
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