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Italie : le renvoie des migrants en Lybie jugé illégal

La cour de cassation italienne a condamné le capitaine de l'Asso 28 qui avait raccompagné des clandestins en Lybie. Selon elle, il est illégal de renvoyer les illégaux africains en Afrique.
Italie : le renvoie des migrants en Lybie jugé illégal
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La Cour de cassation l’a décidé. Au regard du droit international, elle juge illégale de reconduire les clandestins Africains en Afrique. C’est un coup dur de plus pour le gouvernement Meloni, élu largement pour endiguer la submersion migratoire que subit l’Italie. Le pouvoir italien est obligé à d’incessantes reculades. Cette décision a été rendue en conclusion du procès contre l’Asso Ventotto (appelé aussi Asso 28). Le 30 juillet 2018, alors que Matteo Salvini était premier ministre, Giussepe Sogtu, commandant d’un navire commercial, avait secouru en mer 101 clandestins avant de les reconduire en Lybie. Les plaignants, des associations pro-clandestins et de défense des droits humains, jubilent. Mediterranea Saving Humans déclare ainsi : « Il existe désormais un précédent judiciaire qui confirme ce que nous disons depuis des années : La Lybie n’est pas un pays sûr. » Estimant la décision définitive, elles saluent allègrement un précédent positif.

Sogtu a été condamné à un an de prison ferme. En 2021, un tribunal de Naples l’avait déjà reconnu coupable de violation international. Le parquet napolitain avait estimé que l’Asso 28 n’avait rien fait pour identifier les exilés, vérifier leur état de santé, si les mineurs étaient non accompagnés ou demander aux personnes secourues si elles souhaitaient demander l’asile. Autant de points en contravention avec les conventions internationales, et ce, en dépit du fait que l’acheminement vers la Lybie des clandestins rescapés ait été réalisé en collaboration avec les autorités lybiennes elles-mêmes. Depuis 2016, l’Italie, finance et forme, en collaboration avec l’Union Européenne, des gardes côtés lybiens. Depuis cet accord, on estime que 130 000 personnes ont été interceptées et renvoyées en Lybie.

L’Italie porte le poids le plus lourd en Europe

Une semaine avant l’opération de l’Asso Ventotto, le Thalassa avait secouru 66 migrants au large des côtes de la Lybie. Salivini avait alors décidé de fermer les ports italiens à tout navire transportant des clandestins, y compris les gardes côtes et les navires marchands italiens. L’intérêt national italien bute sur les juges, les conventions internationales, les associations de défense des droits de l’homme. Ces dernières pointent les traitements dégradants, largement documentés, dont font les objets les migrants subsahariens en Lybie ou sévit notamment l’esclavage. En renvoyant les Africains en Afrique, l’ONU, à travers la voix de Choloka Beyani estime que l’Europe est complice de ces crimes : « Nous ne disons pas que l’UE et ses États membres ont commis ces crimes. Mais le soutien apporté a aidé et encouragé la commission de ces crimes. » 

Selon l’agence Frontex, l’entrée d’illégaux en Europe a atteint des sommets en 2023 avec l’arrivée de 380 000 personnes, soit une hausse de 17% par rapport à 2022 et la plus forte proportion depuis 2016. L’année record restant tout de même 2015 avec 1 032 408 entrées clandestines. Le ministère de l’Intérieur espagnol constatait un bond de 118 % par rapport à 2022. Mais le poids le plus lourd est porté, de loin, par l’Italie avec 118 500 entrées de clandestins sur son sol en 2023. Par comparaison, l’Espagne en a vu 24 358. En France comme en Italie, on constate que les juges font barrière au souhait des peuples de voir l’immigration de masse entravée.

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