On savait la mort de Nahel le prétexte des émeutes de l’été 2023. Celles-ci avaient donné lieu à des scènes de pillages un peu partout sur le territoire. Le criminologue Xavier Raufer a relevé deux phénomènes importants caractérisant cet épisode : d’une, il s’agit des émeutes les plus violentes depuis la Commune de Paris, de deux, cette fois-ci, les villes moyennes de province n’ont pas été épargnés, y compris jusque dans leurs centres-villes. Les récents événements de Montbéliard montrent que ce type d’émeutes tendent à se banaliser dans une France gangrénée par l’ensauvagement, notamment dans les « banlieues sensibles », appelées encore « territoires perdues de la République », zones à très forte concentration immigrée. Depuis deux semaines, la ville bourguignonne, déjà touchée l’été dernier, est le théâtre de violences urbaines. Les « jeunes » s’en prennent spécifiquement à la police, l’entrainant dans des guets-apens.
Les faits se passent dans le quartier de la Petite Hollande. Les embuscades se déroulent toujours de la même façon. Les forces de l’ordre sont attirées par des poubelles en feu. Aussitôt sur place, ils sont visés par tout type de projectiles, tirs de mortiers, jets de pierre. Vendredi, un palier a été franchi dans la violence. Une patrouille de police a été prise à partie par une trentaine de délinquants. Vêtus de noir, dissimulés par des capuches et des masques chirurgicaux, ils encerclent les policiers. Dans une atmosphère électrique, deux grenades de désencerclement sont tirées par les forces de l’ordre. Les voyous reculent avant de revenir à la charge, le tout ponctué par des tirs de mortier. Un seul individu, un adolescent, est interpellé avec difficulté. Il parvient à faire chuter un fonctionnaire et à le blesser au policier. Finalement, il est maîtrisé et conduit au commissariat. Une balle de flash ball rebondit et finit dans l’appartement d’un homme habitant la rue Debussy. Celui-ci déclare dormir avec des boules caisses.
Les émeutes de Montbéliard sont-elles des représailles ?
Situé au sud de Montbéliard, le long du canal du Rhône au Rhin, la zone est tristement célèbre. Composée essentiellement de HLM, elle accueille majoritairement une population originaire d’Afrique du Nord et concentre un tiers des habitants de la ville. Depuis 2015, elle est classée « quartier prioritaire ». La Petite Hollande est notoirement tenue par les trafiquants de drogue. Elle offre régulièrement le spectacle de voitures, brûlées et de rodéos urbains, passe-temps prisé des voyous. Comme partout ailleurs dans le pays, les dealers n’aiment pas croiser des policiers sur ce qu’ils considèrent être leur territoire. Ce n’est pourtant pas faute d’être aidé. Un grand plan de rénovation du quartier a été lancé : pôle de services, remplacement de l’ancien centre commercial par un nouveau flambant neuf, destruction de logements, constructions de nouveaux.
La violence y est à ce point endémique qu’en janvier 2023, à l’initiative du préfet du Doubs et du maire, avait été organisé une réunion exceptionnelle sur la sécurité, conviant les habitants, les représentants de la ville, de la justice et de la police. En novembre, la situation ne s’étant pas améliorée, la police avait lancé l’opération « place nette« . Le but était de rendre les policiers visibles pour dissuader les délits et les dealers. Les émeutes de ces dernières semaines sont-elles les représailles des maîtres du quartier ?