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Mosquée géante de Rennes : avec qui collabore la mairie ?

La mairie de Rennes a donné son aval pour la construction d'une mega-mosquée en 2024. Elle confie ce projet à Espoir Amal, association représentée par Rachid Abou Houdeyfa devenu Rachid Eljay, le très célèbre et très controversé ancien imam de Brest. Avec qui collabore la mairie socialiste ?
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La Bretagne, première région porcine de France, accueillera bientôt l’une des plus grandes mosquées du pays. Le projet est sur les rails depuis 2022. Cette année-là, la mairie écolo-socialiste de Rennes décide de mettre à disposition de la communauté musulmane un terrain public de 3000 mètres carrés, à une quinzaine de minutes du centre-ville, au niveau de la rue du Pâtis Tatelin, à proximité du parc des Gayeulles, lui offrant par-dessus le marché un bail emphytéotique (un bail de longue durée à loyer très avantageux). Le programme est confié à l’association Espoir Amal qui appelle encore au don sur son site. Elle a jusqu’ici rassemblé 305 000 euros. A terme la campagne participative doit réunir 2 millions d’euros afin d’enclencher la construction du site. Dans le but d’encourager les fidèles à donner, elle rappelle un propos du Hadith : « Celui qui construit une Mosquée pour Allah, Allah lui construit une demeure au paradis ». En clair, l’aumône versée permet au croyant de renforcer son Hassanate, comptabilisation des bonnes actions facilitant, à mesure qu’il augmente, l’entrée du fidèle au paradis d’Allah.

L’association promet d’associer dans la décoration de la méga-mosquée « l’islam de l’Andalousie » et la culture bretonne. Deux grands bâtiments sont prévus. Le premier, consacré au culte, d’une superficie de 2.000 mètres carrés sur deux niveaux, permettra d’accueillir d’un côté les hommes (au rez-de-chaussée) et de l’autre les femmes (au premier étage). Le deuxième, qui sera construit dans un second temps, hébergera dix salles de cours, une bibliothèque, un salon de thé et d’autres activités culturelles.

Le projet de la méga mosquée de Rennes présenté par l’ancien imam de Brest

Sur la page de présentation, Rachid Eljay, appuyant le projet de sa grande réputation, ne cache pas sa joie : « Il nous reste quelques jours et je vous ici donne l’occasion de participer à un magnifique et grand projet, un grand centre culturel et islamique qui va accueillir des milliers de fidèles inch’Allah ! Il y aura des salles de cours, des salles de prières, des salles adaptées pour les jeûneurs, pour rompre le jeûne du Ramadan et cetera. C’est dans la grande ville de Rennes. Alors c’est des frères que je connais personnellement, des frères très sérieux. Ils ont lancé le projet, l’accord a été donné avec la mairie, Al-ḥamdu li-l-lāh. Ils travaillent tous ensemble, donc c’est un projet fiable. » Ce personnage est le fils d’un petit épicier de Brest. Anciennement connu sous le nom de Rachid Abou Houdeyfa, le porte-voix d’Espoir Amal est célèbre pour ses prêches salafistes. Imam et directeur du Centre Culturel et Islamique de Brest (CCIB), membre du Conseil Français du culte musulman, il était également directeur de l’école Al Âmana qui ” propose un cursus d’étude pour les enfants (5-15 ans) réparti sur 4 niveaux : maternelle, débutants, intermédiaires, avancés » construite avec l’accord du maire socialiste de Brest. Ce dernier a d’ailleurs été dénoncé dans une enquête parue en 2015, « Ces maires qui courtisent l’islamisme ».

Rachid Eljay est suivi par 2,7 millions de personnes sur son compte Facebook. Du temps qu’il s’appelait encore Rachid Abou Houdeyfa il avait acquis une notoriété sulfureuse à la suite d’un prêche dans laquelle il expliquait à des enfants qu’aimer la musique « les transformerait en porc » et en singes. Une autre vidéo de lui dans laquelle il invitait les fidèles à imiter le prophète en buvant de l’urine de chameau avait été largement diffusé par les internautes voyant d’un mauvais œil l’islamisation de la France. Face aux tollés répétés provoqués par l’Imam de Brest, le Conseil français du culte musulman, s’était officiellement désolidarisé, expliquant que l’islam ce n’était pas ça. L’imam quant à lui avait affirmé que ses propos n’étaient pas à prendre au premier degré et que « tout le monde faisait des erreurs dans la vie« . La DGSI avait interpellé des musulmans, fidèles de l’imam, au motif qu’ils préparaient des actes violents. Le prédicateur avait assuré qu’on ne pouvait pas lui en faire porter le chapeau.

L’ancien salafiste aurait changé. Il défend un « Islam du milieu »

À partir de 2015, Rachid Abou Houdeyfa devient Rachid Eljay. Autrefois chauve, il se laisse pousser les cheveux, taille sa barbe, et s’habille parfois à l’occidental. Il soigne son profil de gendre idéal, propre sur lui. À coup sûr, l’homme a changé. Il anime la chaîne familiale, à la devanture sympathique, Dini TV, dont le but est d’offrir des programmes ludiques pour former les fidèles, adultes comme enfants, « à la demande générale » précise la page Facebook. Fini les propos polémiques, désormais l’ancien imam de Brest prône un islam « du juste milieu » et dénonce les « extrémistes » de tous bords. Ainsi, il a condamné les attentats du 13 novembre 2015 affirmant que ceux-ci « n’avaient rien à voir avec l’Islam. »

En cela, il travaille étroitement avec Mohamed-Iqbal Zaïdouni, vice-président d’Espoir Amal, interlocuteur privilégié de la mairie de Rennes. Zaïdouni, qui se présente sur sa page Linkedin comme professeur agrégé, prétend défendre un islam de tolérance et de fraternité : « En Bretagne, nous œuvrons à un islam du juste milieu. » L’expression ressemble à un élément de langage qu’il s’agit d’imposer pour rassurer. Zaïdouni, tient à redorer l’image négative de l’islam. « L’islam n’est pas une menace mais une chance. » Il met un point d’honneur à communiquer sur les actions humanitaires de son association. Ainsi, il déclarait dans Ouest France en avril 2022 : « L’année dernière (note : lors de la pandémie de Covid), nous avions préparé des colis. Cette fois, nous allons multiplier, dans toutes les mosquées, les repas offerts aux plus démunis, chaque soir, à l’occasion de la rupture du jeûne. Nous travaillons main dans la main avec des associations culturelles musulmanes ou humanitaires pour préparer des colis ou des repas sur place. » À la même époque, lorsque s’achevait la pandémie, il ajoutait l’importance du vivre ensemble, surtout dans le voisinage des salles de prières, et ne manquait pas de rappeler l’étroite collaboration de la mairie de Rennes : « C’est enfin un retour à la normale, même si nous faisons toujours passer les messages de prévention et de précautions sanitaires auprès des fidèles à Rennes et ailleurs en Bretagne. Le Conseil régional du culte musulman (CRCM) a aussi insisté auprès des vingt-deux associations cultuelles et culturelles islamiques de Bretagne pour qu’elles soient vigilantes au bien vivre ensemble, notamment aux relations de bon voisinage aux abords des salles de prières. À Rennes, nous travaillons, comme chaque année, avec la municipalité pour que tout se passe bien. Nous nous sommes aussi coordonnés au niveau régional pour suivre le même calendrier, notamment pour le début du ramadan. » Depuis, Emmanuel Macron a mis fin (2023) au Conseil français du culte musulman, lui préférant le Forif (Forum de l’islam de France).

Rennes finance la mosquée du Blosne et offre un gymnase aux fidèles

En attendant la construction de la méga-mosquée, lieu de prière et centre culturel islamique, la mairie socialiste de Rennes a transformé un gymnase en mosquée. Brahim Radaf, président de l’association du centre culturel et cultuel islamique Al Taqwa se félicite : « Parce qu’avant, on n’avait pas cette salle-là, on avait beaucoup de problèmes parce que les gens priaient sur les voies publiques, à l’extérieur, sur la pelouse, partout donc. C’est pour ça qu’on a réussi quand même, avec le rangement de la ville de Rennes, pour avoir accès à ces salles de sport. » Effectivement, la mosquée de Rennes, gérée par l’association de Brahim Radaf, déborde.

Cette mosquée, dite mosquée du Blosne, appelée officiellement « Centre culturel islamique », a vu le jour dans les années 80 grâce à l’ancien maire socialiste de Rennes Edmond Hervé. Elle occupe un local que beaucoup d’associations rêveraient d’occuper. Grâce à la mairie de Rennes, elle paie un loyer ridiculement bas. Pour Mohamed Iqbal-Zaïdouni, ce n’est pas assez. En jeu il y a la possibilité pour le fidèle, jusque là non accordée, de vivre dignement sa religion  : « On a aujourd’hui beaucoup de fidèles qui trouvent pas de place. En particulier je pense aux femmes. Aujourd’hui il y a cette difficulté que la plupart des mosquées ne disposent pas d’un espace conséquent pour les femmes et pour les jeunes filles. » En islam, les hommes et les femmes prient séparément pour éviter toute impureté. En attendant le mega centre islamique, destiné à devenir le premier de Bretagne et un des plus grand de France, la mosquée du Blosne continue d’accueillir les fidèles. Elle a pu bénéficier pour sa rénovation d’un généreux don de la mairie à hauteur de 430 000 euros. Il n’est pas rare d’y croiser des fillettes voilées.

La loi 1905 est contournée via les « associations culturelles »

En théorie, d’après la loi de 1905 consolidée par la loi du 6 mars 2008, la République « ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ». À ce titre, tout budget de l’État, des départements et des communes, toute dépense relative à l’exercice des cultes, doivent être supprimés. La parade est bien connue des associations islamiques. Rien de plus simple que de détourner les subventions publiques. Pour contourner la loi, il suffit de faire passer pour culturels des centres cultuels et autres lieux de pratique religieuse. Ce tour de passe passe serait passé comme une lettre à la poste à Paris si Guy Hanon, un simple particulier parisien, n’avait saisi le Conseil d’Etat contre la mairie de Paris, provoquant l’ouverture de l’affaire des « mosquées Delanoë ». Il s’agissait d’un projet phare de la seconde mandature du maire socialiste de Paris : la construction d’un lieu culturel et cultuel de 4500 m2 proposant deux mosquées de 2000 m2 au total, en plein coeur du quartier de la Goutte d’Or. Là encore la construction des mosquées géantes était présentée comme un chantier visant à bâtir un « Institut des cultures islamiques » (CIC). Le projet était réparti entre deux sites distincts, celui de la rue Stephenson et celui de la rue Polonceau. Cette division était rendue nécessaire par les tensions opposant la communauté musulmanes d’Afrique noire à la communauté algérienne cohabitant dans la salle de prière provisoire installée porte des Poissonniers.  Le centre de la rue Stephenson avait été acquis par « l’association des Habous et des lieux saints de l’islam » dirigée par Dalil Boubakeur, recteur de la grande mosquée de Paris. Comme à Rennes, le projet bénéficiait d’un bail emphytéotique de 99 ans, donc d’un loyer très avantageux. La salle de prière de cette institut des cultures d’islam avait été inauguré par Bertrand Delanoë en 2013. En 2015, Guy Hanon avait obtenu de la cour administrative d’appel, l’annulation de la délibération du Conseil de Paris qui avait autorisé Delanoë à confier la gestion de la salle de prière à une association de la loi 1901. Pour être légale elle aurait dû être confiée à une association de loi 1905. La mosquée est toujours en activité et selon nos sources, Guy Hanon est toujours en procès avec la mairie. Quant au bâtiment de la rue Polonceau, il aurait des difficultés à trouver des financements malgré les effort de « l’Association des musulmans pour l’ouverture » (AMO) qui cherche à recueillir des dons de plusieurs pays africains. 
Rappelons pour finir que la mairie de Rennes dirigée par Nathalie Appéré s’était signalée pour avoir, première en France, accepté le burkini dans ses piscines municipales. La maire estimait qu’il était plus simple de céder à cette demande des associations islamiques plutôt que d’exercer ses pouvoirs de police et de faire appliquer les règlements d’hygiène en vigueur, contrevenant avec la prétention des socialistes d’oeuvrer en faveur de l’égalité hommes-femmes. Burkini, financement de « centres culturels islamiques », dialogue avec « d’anciens » salafistes, projet de mega-mosquée… Avec qui collabore la mairie socialiste de Rennes ?

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