L’Ukraine recule, la Russie gagne. Avdiivka est une ville martyre, un champ de ruines et de carnages. Ses habitants ont fui depuis longtemps, laissant maisons et appartements aux bruits de la guerre. Pas un immeuble qui n’ait été éventré. Cette cité industrielle avait déjà été complètement ravagée en 2017 lors de la guerre du Donbass. À cette époque, les séparatistes avaient fini par plier face à l’armée régulière ukrainienne. La guerre y fait son retour dès le 24 février 2022, jour du lancement par Poutine de « l’opération spéciale« . Les combats n’y ont donc jamais cessé, mais le summum de la violence advient lorsque l’armée russe décide d’en finir et de déclencher à partir du 10 octobre 2023 une offensive d’envergure. Le site devient un abcès à crever, un des champs de bataille les plus meurtriers du front, au même titre que Bakhmout. Le 18 février 2024, la Russie assure avoir pris le « contrôle total » de la ville.
L’Ukraine aux abois
Ce même jour, Volodymyr Zelensky entamait une tournée diplomatique en Europe. La bataille d’Avdiivka était dans toutes les têtes. Berlin puis Paris ont été les deux premières étapes d’un voyage visant à obtenir l’aide la plus haute possible de la part des dirigeants européens. Le président ne peut en effet plus compter que sur les pays de l’Union Européenne. Le Sénat des États-Unis a bien voté le 13 février une aide de 60 milliards de dollars en faveur de l’Ukraine. Mais la gratitude de Zelensky aura été de courte durée. Dès le lendemain, la chambre des représentants, à majorité républicaine, bloque la décision. C’était attendu. Parmi les chefs ukrainiens, on estime d’ailleurs que l’absence de soutien des États-Unis depuis deux mois est la principale cause de la défaite. Comme les sud-Vietnamiens ou les Afghans hier, les États-Unis semble lâcher leur allié. Tout laisse à penser que l’armée ukrainienne se trouve dans une situation extrêmement grave et qu’elle abat, désespérée, ses dernières cartes.
La Russie avance
Ne parlons pas de « défaite ». Le pouvoir ukrainien préfère parler de retrait stratégique. Sur Telegram le général Oleksandre Tarnavsky a déclaré : « Conformément à l’ordre reçu, [nous nous] sommes retirés d’Avdiivka pour aller sur des positions préparées à l’avance« . Cette décision a été prise pour « économiser du personnel et améliorer la situation opérationnelle » ajoute-t-il. Les militaires ukrainiens prétendent avoir infligé à leurs ennemis des pertes considérables au cours de la lutte (environ 50 000 russes tués). Ces chiffres sont difficilement vérifiables. Du côté russe, le maître du Kremlin a « félicité nos militaires et nos combattants pour cette importante victoire ». Hier, la Russie a revendiqué la reprise du village de Krynky, sur la rive occupée du Dniepr, dans le sud de l’Ukraine. Elle semble néanmoins lever le pied. La guerre d’attrition peut continuer, jusqu’au dernier Ukrainien.
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